« Habib, j’ai besoin de toi ! » j’ai reconnu au téléphone la voix de Saad, un ami et client pour qui j’éditais à l’époque un journal local. C’était en 1995, un an avant mon retour en France. Je dirigeais encore la société d’édition et de gravure « Quadrichromie » à Rabat. Tout en assumant des responsabilités dans une administration, Saad avait de nombreuses relations parmi les journalistes marocains et je ne sais pas comment il avait fait, mais il avait eu un contact avec Chico, fondateur et leader des Gipsy Kings. Les artistes devaient effectuer une tournée au Maroc, notamment pour relancer les Gypsies après la scission qui avait eu lieu au sein du groupe. « Je dois accueillir les Gipsy Kings pour un reportage, mais ça tombe mal, je dois partir en mission à l’étranger. Peux-tu t’en charger ? ». Me voilà, en quelques minutes, investi d’une mission assez incroyable.
Ma surprise était d’autant plus forte que le canard en question était un journal local, diffusé gratuitement en toutes boîtes, mais terriblement efficace car il était lu et attendu par une grande partie des habitants de la capitale. Nous devions prendre en charge les Gypsies dès leur débarquement à l’aéroport. Ayant d’autres rendez-vous à assurer, j’avais prêté ma voiture à notre livreur, histoire de ne pas les accueillir en fourgonnette. 14h30, toute la troupe débarquait à l’agence. Nous avions les Gipsy Kings dans nos locaux. L’après-midi qui s’ensuivit fut inoubliable !
Fatigué par le voyage, Manolo, le ténor-soprano qui faisait partie du groupe à l’époque, demanda à être conduit à hôtel. Les autres membres furent royalement accueillis à mon bureau, d’abord pour un café convivial et accessoirement pour l’interview. Chico, comme ses musiciens, était simple, sincère et farouchement déterminé à promouvoir la nouvelle composition des Gipsy Kings. Comme mes vingt collaborateurs trépignaient tous devant la porte, j’avais décidé de les présenter aux artistes. Après un petit tour des studios et des bureaux, nous sommes tous sortis sur la terrasse pour effectuer ensemble une série de photos souvenirs. Inutile de préciser que le sujet avait fait la une du journal et qu’il avait occupé de nombreuses colonnes. Chico avait été tellement ravi par notre accueil qu’il nous avait invité aux backstages de ses concerts. Avec mes proches collaborateurs, nous n’avions presque pas quitté le groupe pendant son séjour au royaume. Nous étions accueillis comme des kings parmi les kings. Que de bons souvenirs pour mon équipe et moi-même. Merci Chico et bon vent à toi et à tes Gypsies !