Rencontrer un artiste de renommée ou une star peut être considéré comme un privilège, un moment marquant dont on se souvient longtemps. Si la star en question présente des qualités humaines, le plaisir est décuplé et l’instant devient sacré. Ce fut le cas avec Alain Souchon, un homme dont les qualités rivalisent avec le talent de l’artiste.
C’était en 2011. Kayak organisait le premier festival associant l’art lyrique au Rock n’Roll et nous avions entrepris de rencontrer tous les artistes dont nous avions un contact et qui pouvaient nourrir notre projet par leur réflexion ou leur talent. Notre petite délégation, composée des quatre principaux organisateurs, était attendue en début d’après-midi. Note hôte ne nous avait pas fait trop attendre et Alain Souchon était apparu tout naturellement pour nous accueillir dans un hôtel chic mais sans excès. Sa première réaction a été de nous permettre de nous présenter afin de mieux nous connaître un par un. Sa capacité d’écoute semblait hors du commun. Il réagissait courtoisement à chacune de nos réflexions et évitait d’imposer ses points de vue. Il avait été inspirant à bien des égards pour la production de notre programme.
Personnellement, j’appréciais ses chansons, comme bon nombre de fans je suppose, mais je trouvais son style décalé par rapport à la variété française. Ses paroles avaient quelque chose d’énigmatique. « Allô maman bobo », « l’amour à la machine », « foule sentimentale », jamais il ne me serait venu à l’idée de composer des textes pareils. Or, c’est justement cette diction qui semble illustrer la force identitaire d’Alain Souchon. Il s’exprimait exactement comme dans ses chansons. Il inventait des rimes, utilisait des mots inattendus et injectait de la malice dans chacune de ses phrases. Finalement, c’est en rencontrant l’homme que l’on comprend mieux l’artiste.
À la sortie de notre séance, nous avions tous été éblouis par l’homme. Sa culture musicale brassait tous les styles. Son empathie était papable, réelle et sincère. Son ouverture d’esprit était une véritable leçon d’humilité telle une potion magique à prescrire pour tous les artistes en mal de reconnaissance. L’homme n’avait plus rien à prouver, et ça, il nous l’avait bien prouvé sans avoir eu à le faire.