Il me semblait intéressant de partager cette réflexion illustrant ma contribution à l'espace d'expression offert par Martine Aubry "ensemble, réussir".
Pour bien comprendre ce qui peut favoriser ou non l’emploi et l’investissement, il faut se mettre dans la peau des entrepreneurs ! Qui mieux qu’un entrepreneur pourra dire ce qui le freine ou le motive pour embaucher ou pour investir ? Force est de constater que notre gouvernement actuel semble dénué de tout esprit d’entreprise. Pire, la majorité de ses actes ne font que décourager l’entrepreneuriat alors que c’est la seule voie possible pour espérer sortir de notre crise structurelle.
Aujourd’hui, il est plus confortable d’être salarié que d’être patron
Je suis entrepreneur depuis vingt quatre ans et je peux vous dire qu’avec mon vécu, je vois clairement là où le bat blesse. J’ai vécu le meilleur comme le pire et je vois nettement ce qui fait la différence. Autrefois, je pouvais me lancer tête baissée dans un projet d’embauche ou d’investissement. Aujourd’hui, j’y réfléchis à cent fois sans faire le pas. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, il est beaucoup plus confortable d’être salarié que d’être patron. Parce qu’aujourd’hui, nous avons l’impression d’être gouvernés par des girouettes qui disent blanc la veille, noir le lendemain et lancent des ballons d’essai le surlendemain, sans conviction ni ligne directrice claire, nette et précise. Or, les entrepreneurs, plus que les salariés ou demandeurs d’emploi, ont besoin de stabilité, de vision. Ils ont besoin de savoir sur quel pied danser le lendemain s’ils prennent une décision aujourd’hui. Tout cela contribue à geler l’initiative, à inquiéter l’entrepreneuriat, à freiner les embauches et l’investissement. Si l’on ajoute à cet état de fait notre impression d’un Etat aux abois qui nous harcèle fiscalement, qui nous somme de payer des surtaxes sur le champs, sous peine de fermeture, alors que notre trésorerie peine à payer les salaires et les charges courantes, comment voulez-vous penser positif, embaucher, investir ? Impossible ! Or, il faudra bien, un jour ou l’autre, sortir de cette spirale handicapante. Mais, pour cela, nous avons besoin d’avoir des gouvernants ayant un minimum d’expérience entrepreneuriale et non des fonctionnaires qui n’ont jamais entrepris, qui vivent dans le confort de ne pas avoir à penser au lendemain et qui ne mesurent pas les décisions qu’ils prennent avec l’argent des autres !
Comment sortir de cette spirale ? Comment réhabiliter les entrepreneurs avec l’idée d’embaucher ou d’investir ? Comment relancer notre dynamique économique nationale au plus vite ? Avant de répondre à ces questions, il faudra d’abord se dire que quelles que soient les solutions proposées, si elles sont bonnes et pertinentes, il faudra les accepter, les adopter ou tout au moins les tester en oubliant tout clivage politique ou idéologique. L’heure n’est plus au choix de solutions de gauche, de droite, libérales, marxistes ou keynésiennes. L’heure est au choix de solutions ! Le salut ne viendra pas de ce que nous connaissons, mais de ce que nous ne connaissons peut-être pas et de ce que nous n’avons encore jamais expérimenté.
Des millions d’emplois qui ne demandent qu’à être créés
Toutes les entreprises cherchent à développer leur activité et la majorité d’entre elles, qui a réduit la voilure face à des marchés en berne, a besoin de ressources humaines et a besoin d’investir. Pour tenir le coup et réduire leurs charges, de nombreuses PME et TPE, dont la mienne, se privent de commerciaux, de personnel de production, de collaborateurs dédiés à la recherche et développement ou encore à la gestion de projet. Plus on embauche, plus on investit, que ce soit en matériel de production ou tout au moins en équipement informatique, bureautique, formation et tout ce qui s’ensuit pour intégrer de nouveaux salariés et leur fournir les moyens d’accomplir leur mission. Pourtant, aujourd’hui, toutes les entreprises sont hostiles à l’embauche et à l’investissement car elles veulent rester agiles pour faire face à une activité en dents de scie. Dernièrement, j’ai entendu sur BFM Business un entrepreneur avouer avoir besoin de 160 salariés alors qu’il n’a opté que pour 30 CDI. Personnellement, j’ai passé mon entreprise de 6 CDI à un seul CDI. Le reste, ce ne sont plus que des CDD ou des sous-traitants dont je peux arrêter l’activité dès que je n’ai plus de quoi les occuper. Faites le tour du privé et vous verrez que ce modèle est généralisé à toutes les entreprises qui tiennent le coup aujourd’hui. Cela veut dire qu’il y a des millions d’emplois qui ne se concrétisent pas en raison d’un seul fait : l’incertitude du lendemain !
Qu’est-ce qui peut lever ce frein ? Qu’est-ce qu’il y a derrière cette incertitude du lendemain ? Voyons plus loin ! Au risque de subir les foudres des syndicats et autres gauchistes déconnectés de la réalité des entreprises ou considérant, à tort, les entrepreneurs comme des rivaux à abattre, imaginons un seul instant le lancement d’une mesure de libéralisation de l’emploi. Une mesure, ou « réforme », peu importe, qui permettrait à toutes les entreprises d’embaucher et de débaucher en toute liberté sans payer d’indemnité de fin de mission ni de pénalité quelconque. Une sorte de « contrat liberté ». Je suis persuadé de l’envol des embauches et de la relance économique de la France. Je suis persuadé de « l’effet dynamisant » qui fera sauter le bouchon de la sclérose économique dans laquelle nous vivons en ce moment. Lever toutes les contraintes liées à l’embauche, simplifier notre droit du travail des plus encyclopédiques au monde et offrir une réduction des charges ou une exonération des charges patronales pour ce « contrat liberté » représentent un cocktail innovant qui peut enclencher une véritable révolution économique pour la France. Pour ceux qui contesteraient spontanément la réduction des charges pour les entreprises, il faut savoir que l’on parle de contrats nouveaux et donc de nouvelles recettes pour l’État et, en tout état de cause, de réduction du poids des allocations chômage pour des demandeurs d’emploi sortant du circuit de l’assistance collective. Par ailleurs, qui dit embauche, dit baisse du chômage, investissement, réduction de l’assistance de l’État, hausse du pouvoir d’achat, relance de la consommation, recettes fiscales, croissance économique !
Si l’on n’accepte pas une idée nouvelle, testons-là !
La France n’est peut-être pas prête à accepter ce type de contrat. L’exemple d’Air France, freinée par ses salariés pour son projet de développement visionnaire, est là pour en témoigner. Aussi, nous faudra-t-il faire de gros efforts pour sortir du cadre dans lequel notre France est formatée, emprisonnée, camisolée. Car comme disait un ami, « la France est composée d’une moitié de la population qui a décidé de mettre des bâtons dans les roues de l’autre moitié ». Il n’y a qu’à voir le clivage historique gauche droite qui divise les français en toutes circonstances. D’où l’intérêt de dépasser ces clivages et de chercher ce qui nous rassemble plus que ce qui nous divise. Les français ne seraient pas prêts à accepter une telle mesure ? Faisons juste un test et jugeons sur pièce ! Donnons aux entrepreneurs un ou deux ans pour tester le « contrat liberté » sans toucher à la législation des contrats antérieurs. Qu’avons-nous à gagner ? De l’emploi, de la croissance et peut-être une grande démonstration économique que l’on pourrait offrir au monde ! Qu’avons-nous à perdre ? Des principes, certes ! Mais qu’est-ce qui importe aujourd’hui, les solutions économiques à trouver pour tous nos citoyens, qu’ils soient de gauche ou de droite, ou l’arcboutage à des principes clivants dont la stérilité n’est plus à prouver pour notre pays ? Pas besoin d’être devin pour trouver la réponse.